22.10.06

Thailande - Trip 2 - Day 1

Somewhere over the rainbow...

En Thaïlande, il est presque 4:30am. En France, il est 22:21, et moi je suis dans le ciel. A 11km au-dessus du plancher des vaches, exactement...
Et j'ai déjà tellement de choses à raconter! Thank God pour l'ordinateur portable qui va me permettre d'être beaucoup plus réactive. Un coup de clé USB, et hop, tout sera en ligne rapidement.
Bref...J'arrive à destination dans 2H30 environ...Time flies...and so am I!

Pour tout dire, avant d'arriver en Thaïlande, j'ai fait une escale par un autre pays: le Cambodge.
Et vous vous demandez: "S'est-elle trompée d'avion?" Non!
Alors comment se fait-ce? Et bien je reconnais bien là le coup de patte de Bouddha, qui m'attendait à la porte d'embarquement 43 du Terminal 1 de Roissy-CDG.
Je me suis retrouvée assise entre le hublot et un très gentil monsieur asiatique, qui m'a saluée avec un sourire lorsque je me suis assise.
A peine étais-je installée dans ce Boeing 747-400 (bel engin, by the way), que nous avons commencé à discuter. Est-ce que je m'arrêtais en Thaïlande? oui, et vous? "non, je vais à Phnom Penh, au Cambodge".
Et ici a commencé une des discussions les plus enrichissantes qu'il m'ait été donné d'avoir.
Tito a 52 ans et est d'origine cambdogienne. Mais il parle français, car il a eu la chance de faire ses études de médecine en France…Maintenant il est médecin, près de Poitiers, exactement.
Et que fait-il dans cet avion aujourd'hui? Il va au Cambodge pour mettre en service les scanners qu'il s'est procuré afin de procéder aux tous premiers dépistages du cancer du sein, dans son pays natal.
Tito a créé trois associations à but humanitaire. Il y consacre tout son temps, son argent, mais surtout son énergie. Il retourne là-bas tous les deux mois environ, parfois plus souvent, pour superviser, aider, soigner, accompagner, éduquer...
Son histoire est extraordinaire. Fils de hauts fonctionnaires, il était le seul garçon dans une tribu de 11 enfants...Il passe son bac au lycée français de Phnom Penh et ses parents l’envoient lui, le seul garçon, faire ses études de médecine en France, où il arrive en automne 1974.
Et puis les Khmers Rouges prennent le pouvoir en avril 1975. Et Tito n’a plus aucun contact avec aucun des membres de sa famille pendant de presque 10 ans. Il survit difficilement en France. Et puis, les études de médecine sont difficiles, surtout quand on parle très peu la langue.
Dans les massacres perpétués par les Khmers Rouges, Tito perd 7 soeurs. Son père, ancien directeur des Finances et aujourd’hui âgé de 82 ans, a miraculeusement survécu, et s'est expatrié, ainsi que les 3 soeurs restantes, aux Etats-Unis.
Une fois toute cette période terrible terminée, une fois la paix civile revenue, Tito retourne dans son pays et subit un énorme choc. Tout avait été dévasté, mais le plus inacceptable pour lui, médecin, c’était l’anéantissement du système de santé.

Le docteur Tito a donc décidé, en 2000, de faire ce qui était en son pouvoir pour faire profiter les Cambodgiens de toutes les ressources qui sont à sa disposition.
Il a créé trois associations, en collaboration avec des médecins de la région Poitou-Charente.

La première, IMCAMEX, a permis d’installer en mars 2001, le premier scanner « corps entier ». L’association a non seulement assuré l’installation du matériel, mais continue à prendre en charge la maintenance, la formation des techniciens, des manipulateurs et des médecins radiologues qui bénéficient d’une aide au diagnostic à distance grâce à Internet.

Mais il n’y a pas que la capitale, Phnom Penh, qui souffre. En 2004, il crée un dispensaire dans la province de Siam Reap, dans un village de 3000 habitants. Maintenant les enfants et adultes sont soignés gratuitement grâce aux dons, et aux médecins généralistes ou spécialistes français qui se rendent sur place. A côté de ce dispensaire, Tito a fait construire une école afin que les enfants les plus démunis et les nombreux orphelins puissent avoir accès à un enseignement. Cette association s’appelle PONLEU KAMPUCHEA, ce qui signifie « Lumières du Cambodge. Il est également possible de parrainer des enfants ou bien l’école.

Enfin, en novembre 2006, l’association « Moherik Satrey Khmer » va voir le jour. Il s’agit de proposer un dépistage gratuit du cancer du sein à toutes les femmes cambodgiennes. Cet action devrait permettre d’établir des diagnostics précoces, et ainsi, un meilleur traitement.

Cet homme a décidé de donner un sens à sa vie en se consacrant aux autres...Tout d'abord, en étant médecin, je crois que ça va avec le job. Mais bien au-delà, il y a un réel effort d'aider un pays à s'éduquer. Car c'est bien là le plus important.
Hier, au Cambodge, les gens pauvres dans le coma étaient laissés ainsi jusqu'à leur dernier souffle. Aujourd'hui, grâce au travail de Tito et de son équipe, un nombre incalculable de vies est sauvé.
Il y a toujours quelque chose à faire là-bas pour quelqu'un qui a envie de s'investir, de donner.

Sa force: il n'attend rien de personne. Quoiqu'il arrive, il fera aboutir ses projets, avec ou sans l'aide financière de certaines organisations. Il présente des dossiers, explique ce qu'il fait, pourquoi il le fait, monte dans un avion et va mettre les mains dans le cambouis. Si un chèque arrive dans sa boîte aux lettres pour son association, tant mieux. Mais sinon, ce n'est pas grave. Il avance, encore et toujours... Il le dit très bien, et avec le sourire « Je m’en fiche, je fonce ! ».
La route est longue, difficile, mais elle est jalonnée de victoires, plus ou moins grandes, mais qui permettent de maintenir la motivation intacte.

J'ai résumé peut-être un peu trop brièvement tout ce qu'il m'a raconté. Mais je voulais me dépêcher d’écrire tout ça.

Comment rester insensible devant une telle démarche? En particulier dans un monde comme celui dans lequel on vit (ou "survit" plutôt?)...
Il m'a émue aux larmes en me racontant son histoire...mais qu'est-ce que ça fait du bien! Y'a de l'espoir pour l'Humanité...maigre, certes, mais il est là, et il est entre nos mains.

Alors comment on dit, "y'a plus qu'à...".

PS: mes plans pour les prochaines vacances d'été risquent de changer...